Silhouettes cendrées
Silhouettes cendrées venues du fond de la peinture. Silhouettes figurant ce qu’il en est de notre disparition-apparition. Nous sommes dans la peinture d’ignorance : le plus vif de notre inconnaissance individuelle, collective. Nous y sommes et nous n’y sommes pas. Nous y vivons. À peine si j’éclaire ce qui se dérobe et s’avance, tout à la fois : tel est le geste-créateur, signifiant, nul référent, si ce n’est toi, homme, femme, enfant. Je te joints, t’enlie et te délie. Où est l’horizon. Il est loin en arrière comme chez Cézanne. Telle est la perspective de la peinture de Denis Martin. Elle nous convie à un écran vide. Nous nocturnes, parce que le diurne ignore qui nous existons. Une sorte de veille mais nul endormissement. On vieillit. On vieillit. Cependant il y a un vol d’ailes. Regardez bien. Chaussez vos lunettes ou vos chaussures. Denis Martin est le nom de tout le monde. Mon nom. Ton nom.
Mathieu Bénézet
Si l’homme est l’absent de Dieu l’œuvre de Denis Martin est absente de la peinture et, à ce prix seulement, elle s’expose, tel le dépeupleur beckettien, inventant son antiquité à nulle autre pareille, et nous pouvons marcher sans fin vers elle, vers une présence figurée, chose visible d’une chose invisible... Voir a eu lieu ; voir a lieu. J’ajoute, puisque j’ai évoqué la notion de sacrifice : « La représentation est un étrange sacrifice où l’illusion est le couteau qui, tantôt, égorge l’image et, tantôt, crève les yeux » ( Bernard Noël)
Mathieu BénézetExtrait du texte « Le rêve Blanc de Denis Martin »
Silhouettes cendrées venues du fond de la peinture. Silhouettes figurant ce qu’il en est de notre disparition-apparition. Nous sommes dans la peinture d’ignorance : le plus vif de notre inconnaissance individuelle, collective. Nous y sommes et nous n’y sommes pas. Nous y vivons. À peine si j’éclaire ce qui se dérobe et s’avance, tout à la fois : tel est le geste-créateur, signifiant, nul référent, si ce n’est toi, homme, femme, enfant. Je te joints, t’enlie et te délie. Où est l’horizon. Il est loin en arrière comme chez Cézanne. Telle est la perspective de la peinture de Denis Martin. Elle nous convie à un écran vide. Nous nocturnes, parce que le diurne ignore qui nous existons. Une sorte de veille mais nul endormissement. On vieillit. On vieillit. Cependant il y a un vol d’ailes. Regardez bien. Chaussez vos lunettes ou vos chaussures. Denis Martin est le nom de tout le monde. Mon nom. Ton nom.
Mathieu Bénézet
Si l’homme est l’absent de Dieu l’œuvre de Denis Martin est absente de la peinture et, à ce prix seulement, elle s’expose, tel le dépeupleur beckettien, inventant son antiquité à nulle autre pareille, et nous pouvons marcher sans fin vers elle, vers une présence figurée, chose visible d’une chose invisible... Voir a eu lieu ; voir a lieu. J’ajoute, puisque j’ai évoqué la notion de sacrifice : « La représentation est un étrange sacrifice où l’illusion est le couteau qui, tantôt, égorge l’image et, tantôt, crève les yeux » ( Bernard Noël)
Mathieu BénézetExtrait du texte « Le rêve Blanc de Denis Martin »